Florian De Keizer
Marcheur-photographe
Dans ce récit personnel sur la marche et la photographie, je tente d’explorer comment ces deux pratiques s’imbriquent pour devenir un acte de mémoire et de résistance face à l'horloge du temps et l’amnésie. En capturant des paysages nostalgiques, des espaces en devenir, je m’essaie à la reconstitution, avec mes déambulations comme processus de collecte. Chaque zonage dans ces territoires anthropisés me permet de réactiver une mémoire personnelle et collective, et de restituer des horizons disparus ou altérés.
La photographie devient une cartographie visuelle, une façon de lutter contre l'oubli en figeant le fugace dans le balai incessant de la ville moderne. Sophie Ristelhueber, Robert Smithson ou Francis Alÿs — autant marcheurs que photographes — ont montré que chaque déplacement et chaque rencontre déclenchée peut cristalliser une expérience de la marche, témoigner de la mutation de leur monde. À Amiens, les lieux que je fréquentais se sont peu à peu dérobés sous mes yeux et les cicatrices du passé se sont dissimulées sous l’ombre des grues. Marcher, c'est ouvrir les yeux, photographier, c’est fouiller les sols.