Archiver pour militer
La figure de l'ouvrier-archiviste

Un soir de 1968, Claude Dewaele, jeune ouvrier de Férodo, découvre que les tracts revendicatifs de son usine ont été jetés à la poubelle par son patron. C'est à partir de ce moment-là qu'il décide de tout collecter. Ces écrits à caractère éphémère ne survivent normalement pas dans le temps, mais cet ouvrier a eu conscience qu'il était important de les garder et a choisi 40 ans après d'en constituer un fonds d'archives.

À l'origine de ce mémoire se trouvent des questionnements personnels quant au militantisme. Qu'est-ce que militer ? Et par quels moyens en tant que designeuse graphique je peux le faire ? C'est lors de mon passage de DNA que j'ai réalisé que je pouvais – tout comme Claude Dewaele – archiver pour militer.

Cet écrit sous forme d'enquête de terrain est le résultat des allées et venues aux Archives départementales de la Somme pour découvrir le fonds Férodo-Verto, d'analyses de ses documents et enfin de ma rencontre avec Claude Dewaele. Ce mémoire a pour ambition de comprendre comment un ouvrier-archiviste, à travers la figure de Claude Dewaele, s'est approprié les outils d'écriture et d'archivage de manière autodidacte pour militer. Il s’interroge également sur la façon dont un ouvrier, souvent invisibilisé par l’histoire, peut construire une mémoire collective à partir de récits personnels.